Ecrire pour combler l'espace entre deux battements de coeur, écrire pour chasser le vide qui enserre au point que ça coupe la circulation, au point que les doigts sont si engourdis qu'ils ne savent plus comment courir sur le papier, comment guider la pointe d'un stylo.
Ecrire pour se retrouver sans savoir où l'on s'est perdu. Pour démêler les secondes qui s'entortillent en minutes et qui deviennent des heures et les jours et le temps coule entre les doigts, mouille les cils et l'on finit par se noyer dans le rien qui peuple ces entrelacements.
Ecrire pour trouver le fil qui dénouera ce noeud dans la gorge, ce noeud autour du coeur et tant pis si l'on s'emmêle, les pleins et les déliés des mots couchés sur le papier dessinent une ébauche de solution. Il faut juste de la patience. Ne pas tirer sur le fil d'un coup brusque, inventer des détours, raconter des histoires, en attendant de savoir comment venir à bout du noeud, qui en cache un autre, qui s'enroule sur un autre et ça n'en finit plus.
Un noeud après l'autre, un mot après l'autre.
Pour respirer à nouveau. Oublier ce vide qui pèse si lourd.