il y a des jours comme ça où ...

 

... on a l'impression que rien n'a changé.

on se sent plonger dans la routine à laquelle on était habituée, on revoit de la famille, on fait comme si de rien n'était.

la grande table au milieu du salon, les apéricubes et la pelle à tarte moche qu'on se trimballe depuis des années.la montagne de vaisselle et l'estomac bien rempli quand il arrive sept heures du soir.

et puis on se dit que le temps passe drôlement vite, que les bouts d'chous d'il y a un an se tiennent déjà debout et se dandinent avec leur doudou sur le best of des années quatre-vingt.
et on se dit que dans une semaine, une seule, c'est la fin des vacances, que le boulot n'a pas avancé d'un pouce, qu'on doit aller voir mamie et faire des tas d'autres trucs mais qu'on sait très bien que c'est toujours pareil,
on dit on dit et puis on n'fait pas grand chose.
c'est fou c'qu'on se sent débordée dans ces moments là, au moindre moment de répit y'a cette angoisse de ne pas réussir à boucler toutes ces choses qui attendent, y'a cette boule là dedans qui te rappelle que les plus beaux moments sont souvent les plus simples, et qu'ils passent si vite qu'on en profite rarement comme on devrait.
alors on se fait des belles promesses, on se dit, vivre au jour le jour, ne penser qu'à l'instant présent, Carpe Diem et tout le bazar.

et puis la fois d'après on recommence, et la boucle est bouclée, y'a les semaines qui défilent et à la fin du mois faut bien payer les factures.

tout fiche le camp. même plus le temps d'aimer correctement. c'est pas une heure en plus, qu'il faudrait, mais une journée entière.

j'ai bien envie de faire comme la voisine d'amélie poulain, de me plonger dans un coma réparateur, effectuer le sommeil de toute une vie pour rester éveillée jusqu'à la fin de mes jours.

pour ne pas perdre une miette des bonheurs qui attendent derrière la porte.