Souffler tous les petits parachutes translucides d'un pissenlit fané, en fermant très fort les yeux, en espérant qu'ils se soient tous envolés d'un coup, pour que le voeu devienne réalité. Et puis finalement, ces petites légèretés sont capricieuses, il en reste toujours quelques unes d'accrochées.
Alors on continue de souffler quand même, mais juste pour le plaisir de les voir s'envoler, on regarde flotter leurs reflets sous le soleil, danser avec le vent.
Jusqu'à disparaître au fond du ciel.
J'aime me dire que je sème des petites graines de magie ça et là en soufflant sur ces pissenlits. Vous imaginez, les petites graines qui se laissent porter au gré du vent, puis se décident à se poser ici, ou là. Prendre racines.
J'aime me dire qu'elles vont se laisser recouvrir de mousse, s'imprégner de la terre, se gorger d'eau, et pousser, pousser, pousser. Se gorger enfin de soleil. S'offrir au ciel.
Je me demande à quoi ça peut ressembler des fleurs de graines de magie.
Est-ce que ça ressemble à des coquelicots, des paquerettes, du muguet ?
Vous croyez que ça dépend de la personne qui souffle sur le pissenlit ?
Que chacun à une graine de magie qui lui ressemble, et une fleur unique au monde, une fleur qui ne ressemble qu'à soi ?
Si c'est le cas, je m'en vais semer des graines de coquelicots à travers champs, parce-qu'il est impossible que je puisse faire pousser autre chose que ces éclats rouges vraiment rouges.
( Je suis sûre que Maman sème des violettes, qu'Anaëlle sème des coquelicots, mais Margot alors ? )
Chaque fois que je soufflerais de la Magie du Pissenlit, je penserai à toi. Comme chaque fois que j'attrape du Tout et du Rien avec les mains, en voiture.